raconte moi ton histoire

Cher journal,

Tu es le seul à qui je puisse me confier, le seul à qui je puisse parler et le seul qui puisse me conseiller. Il y a des moments où je me sens tellement seule dans cette famille comme si j'étais étrangère à celle-ci, comme si je n'en avais jamais fait parti.. Je suis cette petite brunette qui erre de pièce en pièce, dans cette immense manoir sans que personne ne prête attention à elle. J'ai parfois la nette impression de ne pas être une Mendler-Roberts..

Je suis née le trente-et-un décembre de l'année mille neuf cents quatre-vingt-treize dans la belle ville de Sydney. Ce jour-là, le monde entier se pomponnait, se préparait à accueillir la nouvelle année. Et c'était à ce moment-là, que moi, j'avais décidé de faire ma grande apparition, dans un monde où j'ignorais tout. D'après mon père, j'avais mal choisi mon moment, il aurait préféré faire la fête et m'accueillir dans ses bras quelques jours après le nouvel an. D'après ma mère, j'étais une véritable petite peste dans son ventre, je lui avais donné des coups assez violents et pour sa part, elle était bien contente de ne pas avoir attendu quelques jours de plus avant que je ne puisse la libérer du lourd fardeau dont je l'avais assigné.. Personnellement, cela m'était bien égale, j'aurais préféré ne jamais atterrir dans cette famille. Je ne m'y sentais pas à ma place, j'étais une exclue dès le moment où j'avais pris conscience de la situation.

Je n'étais qu'une petite fille de quatre lorsque je prie conscience des différences qui opposaient ma famille toute entière et moment. Je me souvenais que ma mère me brossait les cheveux juste quelques minutes avant que ma gouvernante ne m'emmène à l'école. J'avais légèrement froncé les sourcils, regardant mes trois aînés mettre leur sac à dos sur leur épaule puis m'étais retournée face à ma génitrice, stoppant ses soins sur ma longue chevelure brune.. Maman, pourquoi mon prénom à moi il finit pas par -ton?? Je la regardais, un air interrogatif. Je venais de me rendre compte de quelque chose de flagrant. Les deux aînés de la famille, les jumeaux, miss perfection et mister sportif s’appelaient respectivement Kerington et Hilton. Ceux-ci avaient cinq années de plus que moi. Ils étaient toujours fourrés l'un avec l'autre, très complices.. Ils étaient suivis deux ans plus tard par miss rebelle, Leighton.. Elle n'écoutait jamais personne, elle faisait sa vie dans son coin et s'avérait être très autonome et très réfléchie pour son si jeune âge. Bref, analysant ces trois prénoms en plus de ma mère qui se prénommait Torrington, pourquoi, moi, j'avais hérité de Blake Aspen?? Je continuais de regarder ma mère jusqu'à ce qu'elle me dise que j'étais différente de mes aînés, c'est pourquoi mes prénoms ne suivaient pas la mode de la famille. Elle prit ma main et m'emmena aussitôt au rez-de-chaussé là où se trouvait ma gouvernante.. Je fuis peinée et en colère surtout, j'avais même refusé de me rendre à l'école. Mes soeurs et mon frère me tiraient par mes vêtements, me traînant jusqu'à la voiture, me traitant de pleurnicheuse..

J'eus une enfance plutôt mouvementée. J'étais la petite de la famille, le bébé, celle qui ne servait à rien à part pleurer et me réfugier dans les bras de ma gouvernante et tant donné que mes parents n'étaient jamais très présents. Mon père possédait un cabinet d'avocat quand à ma mère, elle était chirurgienne, spécialisée en cardiologie. Je n'avais personne vers qui me tourner à part celle qui prenait soin de moi quand mes parents étaient absents. Je me sentais persécutée par ma propre famille, j'avais l'impression de ne pas être appréciée, comme si j'étais de trop, une erreur de la nature. C'était peut-être suite à ce rejet que je pris conscience que je devais survivre par mes propres moyens, prendre position et me battre jusqu'à ce que je puisse prendre congé de chacun d'entre eux..

En grandissant, j'étais devenue plus forte et j'osais prendre la parole contre Kerington, Hilton et Leighton. Leur ascension sur moi était terminée. Je me montrais agressive, suffisante, sarcastique, hautaine! Je leur prouvais que je n'avais nullement besoin d'eux et c'était bien vrai. De tout façon, ils me le rendaient bien. Eux et leur perfection.. Chaque jour que Dieu avait créé, il me rappelait que j'étais pas la bienvenue dans cette famille. J'étais la seule brune aux yeux bruns. Comment lutter contre trois blonds aux yeux bleus, n'était-ce pas cela l'ultime perfection d'après ce fou furieux d'allemand dans les années 30-40?? Peu importait!! Comme on dit ''on ne choisit pas sa famille'', right?

Je m'étais donc isolée en quelque sorte. J'avais des rapports plus ou moins négatifs avec toute ma famille étant donné mon caractère de feu mais au moins chacun d'entre eux pouvaient imaginer un minimum ce que je pouvais ressentir et à quel point je me sentais mal. En tout cas, même si l'on m'appelait miss intello, j'étais malgré tout fière d'avoir eux mon diplôme à la fin du lycée avec les meilleurs résultats de celui-ci. Je pus donc sereinement rejoindre la faculté de droit où je montrais avec quel ardeur j'étais faite pour ça et que j'avais les qualités requises pour être un véritable pit-bull dans ce domaine. Mes futures clients risquaient d'être comblés..